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Quelle est la différence entre l’hypnose de rue, l’hypnose de spectacle et l’hypnose thérapeutique? Est-ce que l’hypnose fonctionne pour tout le monde? Vous avez vu un spectacle d’hypnose, pensez ne pas être réceptif et vous vous demandez si la thérapie va fonctionner? Il est vrai qu’utiliser une technique pour faire oublier un chiffre ou faire halluciner Anthony Kiedis puis utiliser la même technique pour installer une anesthésie ou régler un trauma peut paraître au mieux merveilleux, au pire, dangereux!

Si je vous dis que je pratique la magie, que je peux faire sortir toutes sortes de choses d’un chapeau, puis que je vous dis qu’avec la même technique, je peux vous aider à arrêter de fumer, vous serez certainement sceptique. En revanche, si un étudiant des beaux arts décide de devenir tatoueur, on imagine aisément qu’il ne fasse qu’étendre son art à un autre domaine. Au lieu d’une toile, il embellira le derme papillaire de ses clients.

Dans un autre monde, Harry Potter aurait-il pu choisir de monter sur scène pour distraire les Moldus? Sans doute, mais il a préféré appliquer son talent ailleurs.

Pour faire très simple, l’hypnose de spectacle et l’hypnose de rue visent à divertir, ou à faire découvrir l’état d’hypnose alors que l’hypnose thérapeutique s’attache à régler un problème. Faut-il plus de talent pour se produire devant des centaines de personnes et provoquer une catalepsie totale, pour faire oublier son prénom à un inconnu dans la rue, ou pour aider quelqu’un à supprimer une phobie? C’est évidemment une question rhétorique: toutes les formes d’hypnose bienveillantes sont louables et utiles, et certains hypnotiseurs de spectacle pratiquent également la thérapie, tout comme certains thérapeutes battent parfois le pavé pour faire découvrir l’hypnose à des passants. Enfin, certaines techniques de rue servent en thérapie.

L’hypnose de spectacle cristallise beaucoup de débats, et j’entends très souvent les doutes et les craintes des personnes qui découvrent mon métier en soirée ou lors d’une sortie scolaire. Je suis rapidement prise à parti en ce qui concerne les spectacles et la rue, alors pour répondre rapidement à la question que se posent la plupart des gens : Oui, l’hypnose de spectacle et l’hypnose de rue sont bien réelles et oui, les sujets sur scène ou dans la rue sont effectivement en état d’hypnose, ils oublient des choses, sont en catalepsie et ont des hallucinations. Je ne vais pas révéler tous les détails des coulisses, mais la plupart du temps, c’est réel. Alors pourquoi certaines personnes qui vont au spectacle du plus grand hypnotiseur du monde disent qu’elles n’y croient pas et que cela n’a pas fonctionné? Une partie de la réponse est la fameuse réceptivité, qui me tient tant à coeur. Elle me tient à coeur parce que suggérer à quelqu’un qu’il n’est pas réceptif, c’est potentiellement le convaincre que c’est vrai.

hypnose de spectacle

La réceptivité

Oui, l’hypnose de spectacle et l’hypnose de rue sont bien réelles et oui, les sujets sur scène ou dans la rue sont effectivement en état d’hypnose

L’hypnose pratiquée sur scène et dans la rue est plutôt directive, c’est-à-dire qu’elle utilise souvent l’impératif et laisse peu le choix au sujet. Seuls certains sujets sont disposés à accepter ces suggestions directives. L’induction (le fait de mettre une personne en état d’hypnose) est également rapide. Il y a des centaines de vidéos en ligne où vous pourrez voir à quel point cela se passe rapidement. Certaines personnes n’y sont pas réceptives, parce qu’il leur faut plus de temps pour se laisser aller. On peut par exemple être réceptif avec une personne et pas avec une autre, ou bien l’être un jour et pas le suivant. Il est important de garder à l’esprit que l’état d’hypnose est avant tout une prise de pouvoir sur soi-même, et si votre inconscient n’a pas envie d’oublier un chiffre, il ne se laissera certainement pas faire, que l’hypnose soit directive ou pas. Il est important de garder à l’esprit que la partie inconsciente est celle qui gère le palpitant, le système respiratoire et le système immunitaire. Cette partie de vous sait très bien vous protéger et vous garder en vie!

L’hypnose de rue concède un peu plus de marge de manoeuvre que l’hypnose de spectacle parce que le temps de faire des tests avec Mireille, on a Tancrède qui regarde du coin de l’oeil et qui prend également les suggestions (fermez les yeux, votre bras est aussi dur qu’une barre de fer, vos pieds sont collés, soudés…) Il est donc en train d’être « préparé », et sera peut-être plus réceptif dans 15 minutes, le temps que Mireille finisse de téléphoner avec sa chaussure. En spectacle aussi les suggestions sont entendues par tous, mais la densité du public rend beaucoup moins faciles les échanges entre le public et l’hypnotiseur a posteriori.

L’hypnose en thérapie, à l’inverse utilise souvent une approche plus permissive afin que le sujet aille à son rythme. Il faut parfois plusieurs minutes pour installer un état de transe en cabinet, ce qui n’est pas envisageable sur scène au vu du manque de théâtralité évident que constitue une induction classique. Voilà en quelques mots la différence majeure entre ces disciplines. La magie est la même, elle est juste opérée différemment pour différents objectifs.

L’importance du cadre dans l’hypnothérapie

Le cadre constitue également un point important. On n’a a priori pas le même état d’esprit quand on va au théâtre un samedi soir avec Mamie, et lorsque l’on prend rendez-vous pour régler un trauma. Dans les deux cas on peut s’attendre à aller en hypnose, mais au spectacle on n’aura pas forcément envie de monter sur scène et d’oublier son prénom, même si on est réceptifs. Même une personne très réceptive pourra, au moment des tests, ne pas avoir envie (consciemment ou pas), d’être sur scène. A l’inverse, la démarche active de prendre rendez-vous avec un hypnothérapeute parce que l’on veut maigrir démontre en soi la volonté d’aller en hypnose et donc le moment venu, il sera facile de se laisser guider.

A toutes les personnes qui sont allées voir un spectacle d’hypnose et qui n’ont pas collé les doigts, ou qui pensent ne pas être hypnotisables, j’aimerais dire que quand ils l’auront décidé, quand ils le souhaiteront, ils pourront aller en hypnose, et ce sera probablement génial. L’état d’hypnose est en réalité un état naturel, et fera bientôt l’objet d’un prochain article.