Les temps changent, et avec eux les combats.
J’ai longtemps cherché à comprendre pourquoi le thug life, le hip hop, le punk, la dissidence me fascinent autant, pourquoi l’anarchie, les Rage Against the Machine, et Nirvana résonnent comme ça en moi. Pourquoi ça me nourrit à ce point alors même que je guéris, que je m’éveille, que je m’apaise, que je m’élève, du moins j’aime à le croire. Il y quelque chose dans cette colère qui fait écho dans mon cœur, et je viens de comprendre ce que c’est.
Dire des gros mots et s’éveiller, le point commun?
Spoiler: C’est un acte de profonde rébellion que de guérir, de grandir, de s’affranchir, de se libérer de l’emprise de la servitude moderne, des diktats de la mode, des injonctions de toutes sortes.
Que se passerait-il si on n’obéissait plus, si au lieu de claquer nos SMIC chez LIDL et Sephora on faisait pousser notre bouffe et qu’on arrêtait de cacher nos visages avec de la peinture, si au lieu de manger des résidus de Sun lavage sur notre vaisselle on utilisait du savon de Marseille ? Si au lieu de se buter au anxiolytiques on apprenait à réguler notre système nerveux ? Que se passerait-il si au lieu d’acheter les probiotiques on faisait du putain de kéfir dans nos cuisines qu’on a désertées pour aller se fourrer devant des émissions de télé réalité?
Si auparavant c’était Thug d’avoir un tatouage, aujourd’hui la ménagère moyenne arbore fièrement les prénoms de ses enfants calligraphiés sur son poignet, à côté d’un symbole de l’infini. Si George Sand était une Kaïra d’oser porter des pantalons, aujourd’hui il faut presque être ceinture noire de Krav Maga pour oser porter une jupe dans Paris la nuit. Si jadis le rap était la musique des prolos, aujourd’hui les bobos s’enjaillent au concert de NTM. Il est naturel qu’avec l’évolution de nos cultures, ce qui fut autrefois la dissidence devienne aujourd’hui mièvre. NTM ne sera jamais mièvre, mais…
Que nous reste-t-il dans ce monde où tout semble acquis et où pourtant personne ne semble être vraiment heureux en dépit de l’injonction à l’être?
Dans un monde où l’on jette les épluchures de nos légumes pour aller acheter du bouillon en cubes fait avec des épluchures de légumes. Ah oui, la différence est que celui qu’on achète est agrémenté d’arômes (issus du pétrole, si si), d’un emballage qui viendra consteller l’océan, et le tout couronné d’un aller retour au supermarché, pour acheter un truc qu’on aurait pu cuisiner mais qu’on a jeté, avec un petit arrière-goût de culpabilité de pas être assez écolo. Mais on gagne du temps, il parait. Du temps pour aller faire la queue au supermarché, pour travailler plus ou bien pour aller noyer l’ennui avec décharges de dopamine sur des écrans OLED. Du temps pour quoi? On n’a jamais eu autant de temps et à la fois on n’a jamais autant manqué de temps. J’essaie encore de comprendre.
Si aujourd’hui la normalité c’est le trauma, si c’est se buter 50h par semaine pour un job qui ne nous fait même pas vibrer, si c’est manger des perturbateurs endocriniens, du plastique et du chlore, passer sa vie en état d’hypnose pour absorber des suggestions hypnotiques et avoir peur d’attraper une grippe, alors la rébellion c’est quoi? C’est quoi l’inverse de gagner du temps en achetant du knorr pour aller le perdre sur Instagram?
On est montés dans la pyramide de Maslow alors on a un toit, des fringues et un smartphone. Mais à qui a-t-on cédé notre liberté de guérir? Le RER ressemble chaque jour un peu plus à Wall-E: Des gens en surpoids qui vivent par procuration une vie d’apparences en mangeant des produits à qui ressemblent à de la bouffe mais qui sont aussi vrais que le postérieur de la femme la plus influente du monde. Je ne comprends toujours pas que le coca ne soit pas au rayon quincaillerie entre Starwax et Briochin.
Dans une société dans laquelle il est normal de critiquer les autres, de ne pas donner d’argent aux mendiants parce que l’on estime qu’ils en feront un mauvais usage (quelle condescendance!), où les clivages sont poussés à l’extrême, où la misandrie se dit féministe, où le patriarcat est incarné par des femmes, où le Yin devient Yang, où les hommes ne sont jamais assez grands et ni assez forts, dans un monde comme celui-ci, quel acte de rébellion serait réellement une rébellion ? Arrêter de se tartiner la gueule de perturbateurs endocriniens et faire son propre bouillon de légumes? Peut-être. Et Aimer son prochain, fuck Yes!
Quel rapport avec le rap, le grunge, les Rage et Tupac? La dissidence. La liberté. L’ambition de devenir qui on veut être. Qui on est vraiment. La détermination. La défiance. Ce qui est attendu c’est qu’on se moque, qu’on montre du doigt, qu’on stigmatise, qu’on humilie, qu’on se dispute. Faisons l’inverse, comme les punks faisaient l’inverse, en leur temps, de ce qui était attendu d’eux. Lâchons la peur d’accepter l’autre, de lui tendre la main! Aimons nos corps, aimons nos visages sans maquillage, mangeons de la vraie bouffe vivante. Quand je pense que j’ai passé un tiers de ma vie avec un eczéma de FDP, à errer de dermato en dermato, et que personne ne m’avait parlé de mon alimentation, de l’acidité, du sucre, des produits laitiers, des métaux lourds que je m’enfilais sous forme de clopes tous les jours…personne à part cette pépite d’Ostéo, qui, dans son cœur est thug sans le savoir.
Alors oui, c’est facile à dire, c’est bien pour ça que je parle de lute, de courage, de pugnacité, d’être un dissident. Faudrait-il en passer par le chaos ? Peut être, et alors j’ai hâte.
Évidemment, il ne s’agit pas d’une oppression comme celle des pays en guerre 🍉. Celle-ci est un d’un autre niveau. Comme dans un jeu vidéo. Il faut tous les traverser pour arriver au boss caché. Le boss caché c’est big Pharma, big brother, la dopamine, c’est Unilever, c’est le gouvernement mondial, c’est la servitude moderne, la misogynie, la misandrie, et plein d’autres « mis », c’est le racisme et de manière générale tout ce qui sème la discorde.
Nous sommes les seuls mammifères à devoir bosser pour se nourrir alors que la nourriture pousse partout. Comment a-t-on réussi à se retrouver dans un bordel pareil et à trouver ça normal? À acheter de l’eau alors qu’elle coule dans les fleuves. Elle est contaminée, oui, parce qu’au lieu de vivre comme des mammifères on accepte de payer des taxes pour payer des mecs qui vont nous dire comment s’habiller au lycée 👀, et à quelle heure on a le droit de sortir de chez nous. Ou pas.
C’est difficile, on joue en mode expert. Mais c’est notre devoir de débloquer ce niveau, craquer le code. Que risque-t-on?
Parfois je croise des jeunes qui fument du cannabis dans les squares près de chez moi, ils me toisent avec ce regard défiant, propre à la jeunesse. Ils se prennent pour des durs. Et quelque part ils le sont. Mais ils jouent exactement le rôle attendu : être dociles en ayant l’impression de désobéir. Sauf que la vraie désobéissance c’est précisément l’inverse. C’est être en pleine forme, ne pas consommer d’anxiolytiques, avoir l’esprit affuté pour faire des choix éclairés. Sortir de la matrice, prendre sa vie en main.
Elle est là la vraie désobéissance: dans l’Amour. L’Amour de soi et celui des autres humains, des autres espèces. Et c’est terriblement thug.
Alors quoi de plus naturel que de voir le lien Tupac, Cobain, Bruno Lopes et Didier Morville? Quoi de plus logique que de démarrer la journée avec Changes? Mon coeur se joint à Sniper qui scande « Babylone brûle », je frissonne sur les textes du poète noir qui appelle les Banlieusards à créer leur futur.
Oui, j’ai trouvé le lien entre la colère et l’élévation. Et ça me fait sourire qu’on me dise qu’il faut écouter des chants tibétains, parce que je trouve qu’il n’y a pas grand chose de plus chiant que ça. Et n’est-ce pas dans la joie que l’on vibre haut?
Voilà l’énergie qui me porte dans ma mission individuelle et collective. Et voilà pourquoi elle est influencée par Tom Morello, Zack de la Rocha, Bachir Baccour et Alix Mathurin, entre autres. Ce n’est pas une question de genre musical, c’est une vibe, baby.